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19 septembre 2010

Moiteur

                                                           MOITEUR

               La sensualité de moiteur me le fait retenir. En ces premiers jours de septembre il évoque la lourdeur de l’air des soirées de la fin d’été, l’odeur que gardent les draps froissés au petit matin après l’amour et leur texture particulière qui conserve à la fois la forme et un peu de la sueur des corps auparavant unis.

               La moiteur de septembre fait penser aux colchiques qui poussent sur les talus de nos dernières campagnes. Si ce mot avait une couleur elle ressemblerait au mauve légèrement ocré des colchiques, à leurs teintes suaves mais aussi particulières à chacune de leurs corolles.

               Bon, assez plaisanté ! Halte au romantisme ! La moiteur pourrait-être aussi la sueur collante des travailleurs pendant l’effort ou des sportifs après la course. En poursuivant, je me pose la question de savoir si l’on peut qualifier de moiteur le front dégoulinant des footballeurs ou des finalistes de Rolland Garros qui font les gros plans de nos télés. Je ne crois pas. La moiteur n’est pas si triviale : elle ne coule pas mais caresse la peau, elle aide à la respiration tranquille du promeneur, elle s’associe à la rêverie erratique qui lui fait croire à la rencontre imprévue de l’amour au détour du chemin ou à la croisée de la prochaine rue. Définitivement sensuelle je vous dis. La moiteur est frémissante, vous fait frémir d’envie ou de désir. Elle se dissimule même dans des endroits intimes que vous vous garderez bien d’avouer car vous pourriez en rougir, et pourtant….ce n’est qu’une prémisse, une promesse.

               De toute manière, les derniers talus herbeux de nos dernières campagnes ne sont-ils pas en train de disparaître sous la fringale de nos lotissements « hors les murs » ? Il ne faudrait pas que la moiteur disparût avec eux. Nous y perdrions  beaucoup.

Pensez donc à la peur du noir ou de l’inconnu qui fait perler sur notre front quelques gouttes de rosée. Elles sèchent dès que la lumière revient ou que nous rentrons en terrain connu. Le commencement de la moiteur prévient des aventures comme sa  disparition annonce le soulagement de leur peine. Pensez encore que l’aventure est salutaire et la vie monotone s’il ne se passe rien.       

               Je suis d’accord, la moiteur c’est comme la couleur des colchiques, il y en a plusieurs catégories. Elle peut être lourde comme l’ambiance étouffante et humide de la forêt vierge, un peu froide lorsqu’elle se mélange aux embruns des bords de mer, tiède si elle accompagne l’usure des pleurs ou les élans de la gaieté, abondante ou parcimonieuse selon les circonstances. Mais qu’importe après tout ses qualités si la moiteur c’est la vie, nos émotions et tutti quanti. Tous ces mots en « eur », une infinité de mots dont les tons se  rappellent les uns aux autres. Langueur, couleur, saveur, odeur, clameur, faveur, humeur, pudeur,…..à vous de chercher.

               Je n’oublie pas le principal : bonheur.

               «Le bonheur est dans le pré

               Cours-y vite, cours-y vite,… ».

Le poète l’a oublié. La moiteur se cache derrière.

   

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