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17 novembre 2010

Méandre

                                                     Méandre

               Comme les fleuves empruntant des voies incertaines  vers la mer inévitable, tout porte à croire que l’auteur du récent remaniement de l’exécutif français a suivi d’étranges méandres. Ce n’est pas une surprise : les circonvolutions compliquées du cerveau aboutissent, chez certains, à prendre d’étranges et longs chemins pour aboutir à l’évidence triviale. Un bouleversement qui ne change rien, des logorrhées de spéculations inutiles, des discours aussi sincères qu’aussitôt démentis, je plains les simples croyants-auditeurs-lecteurs, de moins en moins nombreux il faut le reconnaître,  de ces supercheries complaisantes.

Après ça allez vous étonner que la neurologie soit une spécialité médicale au champ d‘investigation encore immense.

               Par contraste le sens géographique des méandres est sans mystère, parfaitement défini. Ces fleuves se répandent dans la fantaisie la plus totale. Ils se promènent, prennent des chemins impossibles, font l’école buissonnière, vont souvent jusqu’à revenir en arrière, faire des boucles parfois régulières, parfois folles. Quand vous les cherchez plus bas sur le tracé sensé de leur cours, ils vous abandonnent pour une autre province, d’autres paysages. Vous les perdez autant qu’ils vous égarent. Les bienfaits du voyage inconnu sont immenses. Tout comme Ulysse dans sa longue quête, le subtil Dédale dut s’en inspirer pour échapper à la vengeance de Minos en créant son labyrinthe, autre méandre. La lecture  de leurs exploits vaudrait un détour profitable aux politiques qui savent tout sauf l’essentiel : comment se conduire.

               Voilà pourquoi les méandres sont si propices à la rêverie et à l’errance. On s’embarque sans dessein et vogue la barque dans les détours. Telle courbe vous fait penser aux hanches de Marinette quand vous la croisiez au bain près de la rivière ; ces deux meules dans le pré voisin, rondes comme les seins d’Isabelle, ah ! Qu’il ferait bon s’y étendre… et, surprise, la tour normande ou sarrasine  qui se profile sur la colline au loin supporte la comparaison avec les phallus crétois les plus impudiques. Car d’horaire dans les méandres, il n’en est pas question. Vous laissez la barque à sa guise glisser d’un bord à l’autre. D’un coup vous frémissez dans d’excitants rapides et tout de suite vous tournoyez dans les retenues du fleuve dont les remous vous étourdissent.  Masculin à consonnance féminine le méandre a de quoi tournebouler les plus avertis. 

               Soyons justes. La comparaison  entre la géographie des fleuves et celle de l’esprit est nettement en faveur de la première. Les jeux compliqués de la politique sont affaire de gens pressés d’arriver au plus haut, par tous les moyens de l’égoïsme, de la forfanterie, voire de quelques forfaits. Bien au contraire les méandres des eaux vous descendent doucement jusqu’au havre de la mer. Au gré des eaux la paix intérieure vous gagne et c’est pour toujours. Rien ne vous presse que votre plaisir et vous en choisissez l’horaire et le calendrier.   

               Dans les replis du cœur sont les méandres les plus précieux. C’est dans quelque crique retirée qu’on y cache nos secrets, parfois nos hontes comme nos plaisirs intimes. Nous partirons avec, sans les dévoiler. Sur l’eau la barque roule d’un bord à l’autre. Il n’est  besoin de rame ni de safran, nous ne sommes là que pour descendre  l’onde et gagner la mer profonde d’où nous venons, qui nous attend un jour.

Sans méandres.   

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