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23 avril 2011

Manuel

Galerie ( c )                                            Manuel

 

               On dit qu’il est bel homme, il en est le premier convaincu. L’œil clair, le cheveu abondant impeccablement coupé, le jarret tendu, Manuel pose pour les journalistes sur le parvis de sa mairie, entouré de ses conseillers. Le costume trois pièces à chevrons, discret et moderne, la chemise blanche immaculée sous la cravate sombre, c’est son costume de toréador à lui. Il torée le suffrage universel depuis des années dans sa banlieue, ville nouvelle, et a fière allure parmi ses fidèles et ses obligés. Certes, il n’est pas très grand, la jambe un peu courte et trapue sur le cul rondelet est rehaussée par les bottines cirées dont le bas de pantalon dissimule la talonnette, mais on dit que les femmes aiment les cuisses de footballeur, alors.

 

               Manuel, en Espagnol c’est Manoël et ça sonne comme un coup de trompette annonçant l’entrée du taureau dans l’arène, Manuel est fils d’immigré Ibère. Son père a fui le franquisme ou la misère, ou les deux, ce qui permet au fiston de se ranger dans la catégorie des spécialistes de la  délicate question de l’assimilation des populations étrangères. A chaque occasion il ne manque jamais de rappeler combien l’intégration est un combat quotidien de l’école jusqu’au turbin, un challenge que d’autres peuvent réussir puisque la république l’a fait lui-même député. Il nous la baille belle Manuel. Comme si les descriptions émouvantes de Clavel dont L’Espagnol a fait pleurer la moitié de la France à la sortie de la guerre, avaient grand chose à voir avec l’implosion des banlieues, préparée à l’aveugle par les responsables publics sous les trente glorieuses en s’aidant de l’alibi des chalandonnettes et des maisons des jeunes désertées. 

 

               Car il est candidat Manuel, plus haut, toujours plus haut, il parle en conséquence, il est adepte de la com. et ne refuse jamais une invitation à la téléradio. Sur ce sujet, bénin, et quelques autres plus conséquents, il a adopté les pratiques et les idées du camp d’en face. En 2007, il ne s’en cache pas, il aurait bien aimé trahir les siens pour être ministre. Il a failli réussir  mais finalement il ne restait qu’un sous portefeuille sans intérêt et il a dû renoncer. Ce sacrifice lui est resté sur l’estomac et depuis il se venge. Il ne rate pas une occasion de tirer contre ses amis. A chaque intervention, trente cinq heures, sécurité, salaires,... il décourage des centaines de militants sincères et fait perdre des milliers d’électeurs à son parti, il n’en a cure du moment qu’on parle de lui. Il faut dire qu’il est travailleur, enfin si c’est lui qui les écrit, il sort un bouquin tous les six mois. C’est ainsi qu’il apparaît dans l’opinion comme le chef de file qu’il n’est pas et un homme de convictions. Non, pas les siennes perso, celles du côté du manche, celles de ceux qui ont le pouvoir et donnent les places.

 

               De temps en temps ses propos dérapent  un peu, c’est inévitable dans cette

profession. Comme lorsqu’il regrettait de ne pas voir de blancos sur son marché de pauvres le dimanche, une maladresse dont on a fait tout un fromage. Injustement ? C’est à voir. On peut s’interroger sur les idées réelles et les capacités à gérer le bien commun d’hommes publics qui tiennent délibérément ce genre de propos. La mode est de parler à la télé comme au café du commerce, pas vraiment stigmatisant, pas méprisant  mais presque. En tout cas c’est bien imité. Le résultat est que de plus en plus de citoyens en souffrance semblent penser que c’est mieux de taper sur le voisin que de rechercher des solutions communes. Bien entendu Manuel et ses pareils n’y sont pour rien. Ils ne font que chanter dans l’air du temps et l’air est ambigu, ambivalent comme dirait mon Psy.

La galère vogue sous le vent et Manuel connaît la chanson :

Voguez voiles douce, voguez  tour à tour

Noyez petit mousse, vos chagrins d’amour.

 

D’amour de soi, bien entendu.

 

 

  

 

                 

 

 

                 

 

 

 

 

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  • Blog des mots. A partir d'une définition de mots simple, ce blog raconte l'actualité, effleure les sentiments, égratigne les gens et les hommes publics tout en s'efforçant de distraire. Gardons le sourire, les temps sont durs.
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