Bande

                                                              Bande

                Un mot passe partout : utilisé aussi bien au billard, bande avant, bande arrière, que dans la mécanique et les sports, où les bandes de roulement et autres passantes entraînent parfois l’usage forcé de pansements-bandages pour soigner les blessures issues de pratiques exagérées. Un mot pas si innocent qu’il y paraît puisqu’il rappelle les exactions opérées à plusieurs. Dans le passé les Grandes Compagnies ont ravagé nos campagnes, aujourd’hui presse et police font vitrine de bandes qui hantent les banlieues ou attaquent au bazooka  les fourgons de la Brinks, un nom si bien choisi….

                La bande c’est comme le tas de cailloux, on ne savait jamais quand ça commence et où ça finit jusqu’à ce que la justice s’en saisisse. Maintenant on le sait : à partir de deux un délit est commis « en réunion » et les voyous risquent, en principe, de subir les conséquences aggravées de leurs actes. Il est toujours étonnant de constater comme l’escalade des mots semble sans effet sur l’augmentation de la délinquance. Les dénominations pompeuses serviraient-elles de supercherie afin de dissimuler l’incompétence ou l’incapacité de tel ou tel corps à régler une situation délicate ? L’actualité nous en fournit un bel exemple avec ce frangin d’un criminel psychopathe inculpé tôt le lundi, afin que nul n’en ignore, de vol en réunion pour avoir assisté au méfait de son frère qui piquait un scooter. 

                Heureusement, si le mal est partout dans la presse, il épargne parfois les mots. Ainsi une bande de copains fait davantage penser aux plaisirs partagés de l’amitié qu’aux turpitudes des bandits. Il existe toutes sortes de bandes heureuses, pensez donc, depuis l’équipage d’un navire solidaire de sa destination jusqu’à l’équipe de sportifs qui aspire à  la victoire de tous, sans oublier les métiers, les corporations et les rassemblements petits et grands qui œuvrent pour entreprendre le bien commun ou le simple plaisir de se retrouver entre amis pour rire et faire la fête.

                Un mot à sens multiple rend bien des services. Bander la corde d’un arc pour atteindre et percer sa cible, tendre son esprit vers le but, développer ses capacités, faire jouer ses muscles, vibrer, nouer, tordre, tresser, fouetter, pétrir, relèvent en quelque sorte de la bandaison.

                Sans oublier Brassens qui bandait en pensant à Fernande et Léonore et ajoutait, sans dire pourquoi, « quand je pense à Lulu là je ne bande plus » ; sans doute avait-elle de la moustache, la bandaison papa ça ne se commande pas.