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6 février 2017

Sarabande

                                                                            Sarabande

                 Un terme élégant pour désigner une belle musique, au point que les plus grands se sont éssayé à écrire leur sarabande. La danse est d'origine espagnole mais on raconte que le mot viendrait d'Iran. Rien n'est moins sûr, Montesquieu l'avait remarqué, comment peut-on être Persan? En vérité la sarabande est une sorte de valse ancienne à trois temps. J'imagine avec plaisir qu'on devait marquer le pas en agitant un mouchoir, pour séduire son partenaire et attirer le regard des spectateurs. L'assemblée des danseurs devait être superbe. Je la vois élégante, colorée, plaisante comme une fête du temps où on n'avait pas la télé.

                  La sarabande ressemble à la vie. Elle s'éveille tranquille, lentement au son des violons, conduit doucement le danseur sur la voie de l'épanouissement, chaque temps marqué par la plainte des cordes qui gémissent puis se retirent. Lorsque les flutes et cors entrent peu à peu dans la partie, le son prend de l'ampleur, prolonge la cadence des corps et se déploie lentement, jusqu'à tant occuper l'espace que rien d'autre que le plaisir de la danse ne saurait retenir l'attention. C'est le temps de la maturité, celui où le thème se répète jusqu'à devenir envahisant, lancinant à la limite du supportable, puis s'arrête brutalement, comme pour laisser le destin en suspens.

                  La sarabande ne supporte pas la légéreté. Son mouvement profond est destiné à émouvoir l'essence de l'être. Les gestes des danseurs sont assurés, appuyés, clairement destinés à marquer son caractère et ses intentions devant le(la) partenaire dont on attend la réplique gestuelle, tout aussi  limpide. Après trois minutes de cette sorte de pavane on ne va pas s'étonner si des couples se forment. Si la musique tombe brusquement, sans préavis, c'est pour favoriser leur retraite. 

                  On imagine que, dans les palais, cette fuite se termine dans les velours des boudoirs retirés, que les amants s'étreignent sous sous les ors des moulures tandis que dans un ciel d'azur à peine mouché par la nuée, un angelot dodu souffle dans une trompette célébrant l'amour. Pas seulement. J'en suis presque certain, avant de devenir une musique de cour bientôt transformée en menuet, on dansait la sarabande sur les places et dans les rues des villages les jours de fête. Il a suffi que passe un musicien dans son carrosse pour en retenir les arpèges, puis courir les faire entendre chez un prince contre une bourse d'or, logé, nourri.

                  Car cet air là, un peu comme les autres musiques du monde, devient ce que l'on en fait. On dit même que les sorcières dansaient la sarabande dans un bal avant de s'envoler accomplir leurs exploits. Pour les sorcières je n'en suis pas certain. En revanche je constate combien, en période électorale, en ce moment, s'agite le bal des prétendants aux prébendes de la République. Quand il s'agit de l'onction suprême, celle de la présidence, la danse se déchaîne et devient une folie de saint Guy. Lorsque le ballet de la passion du pouvoir surpasse la sarabande des sorcières, des méfaits se préparent. Méfiance.        

 

 

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