Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mots d'ici
20 septembre 2021

Poème d'amour

      Ce poème conclut une œuvre éditée par ailleurs sous le titre Dernières Lettres Portugaises.

    Une ancienne religieuse se désole sur la dépouille de son amant enseveli près d’une abbaye en Provence. La forme de cette chanson de six strophes est inspirée librement de l’hommage amoureux de la Sestina rédigé par Scipione Gabrielli à la demande d’un prince en 1608 et mis en musique par Monteverdi.  Lagrime d'amante al sepolcro dell'amata

 

                     à  Montmajour

 

               Mon bien-aimé gît en terre glacée et je frappe l’air de mes cris, à tous vents, sur les fleuves et la campagne vide. Je songe à faire de ces blocs mon lit de deuil à son côté. Sur le sein de mon amour, sa tendre poitrine, je reposerais à jamais. Verra-t-on le soleil illuminer la nuit, la lune resplendir au beau milieu du jour, avant que je ne me lasse d’exalter le souvenir de nos soupirs, loin de ce triste lieu où ils ont été anéantis dans les cendres?

              Dépouille réduite en poussière, tombe rapace. Me voici ! Mon beau soleil, mon ciel en ce monde, avec toi mon cœur s’enferme à jamais au sein des pierres. Hélas ! Ce refuge est propice aux larmes désespérées, je ne les retiens plus. De jour comme de nuit dans le feu de l’enfer, je vivrai tourmentée par ta mémoire.

           Dans la solitude des alyscamps entre ces bois de chênes verts, les pleurs d’une pauvre veuve ruissellent. Nymphes et Dryades sont les seuls témoins de mon malheur, elles chantent sous les rameaux pour consoler mon immense tristesse.  Je crois deviner dans le souffle des vents leurs murmures concertés pour célébrer les mérites du beau Gabriel, trop tôt disparu.

             Mon amant, ton sourire charmant, ton regard infiniment bleu, la douce toison de ta poitrine accueillante, vont disparaître à jamais parmi les pierres. Le destin envieux qui nous a pris ces charmes ensevelit ta beauté perdue parmi les tombes. Ah ! Muses ! Si vous êtes ici gémissez avec moi, partagez mes larmes !

            Que la terre et le ciel, que les cieux tourmentés, bourrasques, orages et tempêtes, rapportent à toute heure le récit de l’injuste trépas de Gabriel, qu’on entende jusqu’à la mer la plainte de l’amour enseveli dans les sépulcres glacés de Montmajour.

              A la fin, que cette nature sereine de bois et de champs redevienne elle-même, pour nous donner la paix. Vienne le temps où le désespoir cède la place au chant de la vie. Paix à toi, mon amant je t’en prie. Cette terre s’honore avec moi de l’amour que tu nous as porté.            

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Mots d'ici
  • Blog des mots. A partir d'une définition de mots simple, ce blog raconte l'actualité, effleure les sentiments, égratigne les gens et les hommes publics tout en s'efforçant de distraire. Gardons le sourire, les temps sont durs.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Publicité